Un petit univers
Il était parti son appareil photo à l’épaule, à exercer, dit-on.
Le photographe avait besoin d’une évasion, il voulait oublier les journées qui passaient presque de la même manière. Bien qu’il eût espéré à un bon cadre, il ne pensait pas à quelque chose de clair. Il s’abandonnait à la fortune..
La photo signifie destin. Chaque photo attend le moment de sa naissance/ création, chacune cache en elle un objectif et un doigt qui déclenche. Les unes naissent heureuses et vivent dans l’éternité, admirées, et … enfoncées profondément dans la rétine…les autres, au contraire. Elles sont telles les hommes….les hommes que les photos attendent à leur donner naissance, elles existant déjà mais sous d’autres formes.

Il n’était pas un artiste, au moins pas un reconnu, mais il a toujours ressenti le besoin de créer. N’ayant aucun talent, aucune disposition pour des arts tels la peinture, la poésie, la musique etc, il a choisi la photographie. Il lui semblait plus simple de voir la lumière, d’encadrer et de déclencher. Ensuite, après quelques exercices, il réussissait involontairement à voir un rayon tel qu’il n’avait plus vu jusqu'à ce moment-là, un cadre, à jouir d’un coucher de soleil et d’une lumière diffuse, à saisir la transparence des matinées et les nuances des couleurs nées du réveil du soleil. Parfois il croyait que c’était suffisant, bien qu’il sût que le phénomène était plus complexe, qu’une photo réussie demande plus. Tel un texte qui n’a pas besoin seulement d’une main qui tient un crayon et une feuille de papier.

Enfin, on pourrait le considérer un possesseur d’appareil ou peut-être un photographe quelconque bouffi d’orgueil, surtout que le temps affecté à la prise de photo était court et très court.
Il passait son temps en lisant toutes sortes de livres plus neufs ou plus anciens au détriment de la pratique. Souvent il accessait des forums spécialisés, ou chacun donnait son avis. Il regardait des milliers de photographies, en restant muet d’admiration devant quelques-unes et ne comprenant pas pourquoi d’autres, tout à fait communes, étaient si louées…
Un après-midi il a redécouvert le parc Herastrau..C’était un coin d’Eden. Il s’est rendu compte qu’il n’avait plus regardé depuis si longtemps une fleur, qu’il ne s’était plus évadé du quotidien …Il a été, pour quelques moments, détaché d’un Bucarest agaçant, étouffant, surpeuplé. Il s’est senti touriste dans sa ville, dans le parc qu’il n’avait plus vu d’un bon nombre d’années. (Adina Mireanu, Dan Mireanu)





Comentarii

Anonim a spus…
Excellente article! Mais - il y a encore une chose qu´il sait faire très bien - écrire.
Merci pour la traduction.

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